Pourquoi l’Europe doit redevenir actionnaire de ses entreprises ?
Depuis une décennie, les investisseurs européens ont progressivement laissé filer une partie du capital de leurs propres entreprises… au profit des Américains. En cause : l’engouement croissant pour les actions internationales (principalement américaines) et l’essor spectaculaire de la gestion passive. Résultat : aujourd’hui, près d’un quart du flottant des entreprises européennes est détenue par des investisseurs américains, et leur influence réelle — amplifiée par la gestion passive — dépasse probablement la majorité du capital circulant.
Face à ce constat, l’Europe doit repenser sa stratégie, retrouver confiance dans ses marchés et reprendre la main sur la gouvernance de ses entreprises.
1. Une souveraineté économique en recul
En dix ans, les investisseurs européens ont cédé environ 10 % du capital de leurs entreprises à des acteurs étrangers, en grande partie américains.
La gestion passive — qui représente désormais la moitié des encours en gestion collective et plus des deux tiers des investissements institutionnels — a renforcé ce phénomène. Par construction, elle achète mécaniquement les actifs qui montent, ce qui a profité aux marchés américains surperformants.
Cette tendance pose un problème stratégique : lorsque la majorité du capital d’une entreprise est entre des mains étrangères, c’est aussi la gouvernance qui s’exporte. Les décisions stratégiques, l’orientation des investissements ou les choix de politique ESG ne sont plus dictés prioritairement par les intérêts européens.
2. Un contexte en train de changer
Pour la première fois depuis cinq ans, les fonds actions européennes enregistrent à nouveau des souscriptions nettes.
Deux évolutions majeures soutiennent ce mouvement :
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La fin de l’orthodoxie budgétaire allemande : avec son plan de 1 000 milliards d’euros sur 10 ans, l’Allemagne entre dans une phase d’expansion budgétaire inédite, entraînant l’Europe dans un cycle de relance de grande ampleur.
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La fin de l’exceptionnalisme américain : sans que les États-Unis s’effondrent, leur position ultra-dominante perd un peu de sa brillance. Leur dette publique dépasse 120 % du PIB, la politique monétaire est contestée, et le dollar a reculé de plus de 13 % depuis le début de l’année.
Par ailleurs, la concentration record des indices et la surpondération des États-Unis dans le MSCI World (75 % de l’indice pour 25 % du PIB mondial) pourraient inciter les investisseurs à s’éloigner du carcan des benchmarks et à redonner une place plus importante aux actifs européens.
3. Une opportunité historique pour l’Europe
Les valorisations actuelles renforcent l’argument. L’Europe se paie 14 fois les bénéfices, soit une décote de 10 % par rapport à sa moyenne historique, quand le S&P 500 affiche 22 fois les bénéfices, une prime de 37 %.
Historiquement, à ce niveau de valorisation, les performances à 10 ans des actions américaines sont souvent décevantes, alors que l’Europe offre aujourd’hui un point d’entrée attractif.
Pour reprendre le contrôle, deux leviers apparaissent indispensables :
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Réorienter une partie des capitaux vers les entreprises européennes, afin de redevenir majoritaires à leur capital.
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Rééquilibrer le poids de la gestion passive dans les portefeuilles, au profit d’une gestion active capable de capter les opportunités spécifiques du marché européen.
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